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Faillite de l’Islande après la faillite de la banque Icesave. « Les islandais rejettent l'accord financier avec Londres et La Haye » (Le Monde élec., 7 mars 2010).



Faillite de l’Islande après la faillite de la banque Icesave. « Les islandais rejettent l'accord financier avec Londres et La Haye » (Le Monde élec., 7 mars 2010).
Le journal Le Monde relate dans ces termes ce qu’il convient d’appeler la faillite de l’Islande, magnifique petit pays qui, désormais, est surendetté après avoir indemnisé les clients de la banque Icesave qui avait elle-même fait faillite en octobre 2008. Pour rembourser les clients de la banque, l’Etat islandais s’est endetté pour pouvoir rembourser les clients de la banque de leurs dépôts de titres et de monnaie. La faillite de la banque est alors un peu devenue la faillite de l’Etat islandais lui-même !

La générosité c’est bien beau mais, d'une part, elle suppose de payer et, d'autre part, quand on ne paye pas sur-le-champ, on doit payer à terme. Or si l’Etat islandais a dû s’endetter pour indemniser les clients de la banque (générosité), il lui faut désormais rembourser ses créanciers (payer). Le projet d’accord de règlement de cette dette a été refusé par la nation islandaise au cours d’un référendum.

Le Monde nous apprend : « Un an après la "révolution des casseroles" qui avait poussé à la démission le premier ministre conservateur Geir Haarde, plusieurs centaines de manifestants se sont rassemblés à Reykjavik aux cris de "Pas d'Icesave. Pas de traîtres au pouvoir. Le pays est innocent" ou "Sauvez plutôt nos maisons". Environ 230 000 électeurs étaient appelés à se prononcer sur un accord organisant le remboursement d'ici à 2024 par Reykjavik de 3,9 milliards d'euros avancés par Londres et La Haye pour indemniser leurs citoyens lésés par la faillite de la banque sur Internet islandaise Icesave en octobre 2008. ».

Les leçons de ce tragique épisode sont simples :
- la porosité entre le bancaire privé et les comptes de l’Etat (quel qu’il soit) est pour le moins dangereuse, et elle semble ignorer les règles de droit car jamais aucun pays n’a prévu de se substituer à une banque en faillite !
- il y a donc comme une sorte de règle immanente que les américains appellent par l’expression « too big to fail » et sur laquelle il conviendrait que l’Etat adopte une règle expresse, probablement constitutionnelle…
- même l’existence de fonds de garantie (de dépôt des titres et de dépôts de monnaie) ne peut satisfaire les clients en cas d’une faillite sévère, la belle garantie devient une pacotille…
- les peuples sont naïfs et pensent qu’en refusant de payer ils ne payeront pas ; en pleine crise, les marchands de sable sont nombreux à le leur faire croire et, après la crise, à endormir leur courage (pour payer) et, avant la crise, à les endormir leur vigilance contre les banquiers pourris ;
- comme dans toutes les situations extrêmes, les gestionnaires ont besoin de solliciter, pour prendre les bonnes décisions, les concepts à l’état pur pour savoir de quoi il s’agit ; les esprits légers, marchands de sable élus, peuvent conduire à la catastrophe.

Où qu’il soit sur la planète, le client de la banque doit être vigilant et savoir à qui il confie ses fonds et titres. Il doit aussi savoir que les actifs financiers sont, d’une façon ou d’une autre, un jour u l’autre, du « vent » et il doit mûrir la répartition de ses richesses entre biens meubles et biens immeubles (lesquels peuvent aussi être parfois anéantis).

Dernière remarque, et première règle de gestion de patrimoine, qu’aucun gestionnaire de patrimoine ne vous donne jamais : avoir plusieurs banques ! Si la faillite d’une ou deux banques intervient, vous garderez la disposition de certains fonds et vous serez mieux indemnisés !

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