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Les 7 piliers de Emmanuel MACRON-En Marche !



Voilà un phénomène unique dans la vie politique française, l'apparition d'un leader politique et d'un parti politique en quelques mois. Pour ceux qui sont un peu objectifs, on l'a tout de même vu venir. Mais des milliers d'amateurs qui le rejoignent aujourd'hui, comme divers pro de la politiques le font ventre à terre, n'ont pas cru au phénomène (et non "au destin de l'homme", personnalisation qui n'est pas le sujet).

Les détracteurs sont virulents soit à propos du parcours personnel (banquier), politique (PS, Commission Attali, Elysée) ou intellectuel ( un énarque : la pensée conforme qui nous gouverne depuis... toujours). Les détracteurs sont aussi virulents quant au mouvement ou à l'absence de (réel) programme.

Un article de Charlie Hebdo (n° 1287, Passion et trahison au sein d'un comité Macron, N. DEVANDA), bien écrit, mesuré quoique dans la ligne de l'hebdomadaire, décrit un parti de "bobos" et jeunes naïfs maniant les formules toute faites comme des vérités socio-économiques...

Enthousiastes, détracteurs (et aussi les 30 % spectateurs objectifs qui attendent pour se décider), nombre de Françaises et de Français s'étonnent de ce succès. Les uns sont trop impliqués et partisans politiques et les autres trop éloignés et distants de la politique pour le saisir objectivement.

Quant aux adhérents de En Marche !, nombre d'entre-eux suivent leur intuition, leur conviction du moment, et c'est leur droit. Dans toute élection il y a des élans, ils sont ici plus marquants puisque les adhérents poussent d'un peu partout. Les détracteurs critiquent cela aussi. Comme la diversité des ralliements.

Pourtant la critique n'y fait rien. Le phénomène MACRON-En Marche ! est toujours là. La situation interroge.

Quels sont les piliers de la réussite de MACRON- En Marche ! ? Qu'est-il arrivé, En France, pour que survienne, en quelques mois, En Marche ! ? On peut identifier 7 piliers de la réussite de En Marche ! (I), non sans relever le ciment de ces 7 piliers (II), ce qui donne une conclusion édifiante.


I. Les 7 piliers



MACRON- En Marche s'appuie sur au moins 7 piliers qui, eux, ne remontent pas à quelques mois. Ces piliers, qui ne sont qu'une image, rapportent à En Marche ! un élan, des ralliements et, aussi, des % d'intentions de votes. Nous allons les déterminer au jugé pour expliquer concrètement le phénomène.

Ces piliers sont :

- la grande faiblesse idéologique de la droite dont les vues (économiques et sociales) sont trop classiques (4 %) ; ce classicisme est embrouillé à la fois par une certaine vacuité doctrinale et par les multiples doctrines qui ont animé la droite : le passage d'un droite radicale-centriste étonnante de J. CHIRAC jurant avec une droite autoritaire mâtinée de pragmatisme étatique quotidien de N. SARKOZY, alors que la droite de 1988 était libérale, celle de 1995 européenne progressiste…

- la grande faiblesse idéologique de la gauche qui est de surcroît divisée (4 %), à la fois pour des raisons de personnes mais aussi de lignes politiques ; le PS n'a pas de doctrine claire depuis qu'un jour de 1983 le gouvernement s'est converti, sans le dire, à une gauche de gestion, et sans que le PS ne le digère ; les copains du PS ont préféré leurs carrières à la construction d'une doctrine acceptable pour le pays ; ainsi, la potion d'un social-libéralisme d'un mois de janvier 2014 a désarçonné la majorité des électeurs de gauche, ce gouvernement et les partis qui le composaient ne savaient pas s'ils étaient socialistes, sociaux-démocrates, réformateurs sociaux, social-libéral et soudainement le président s'avouait libéral social, sans que personne n'en comprennent ni la définition ni le sens politique pratique ; à droite comme à gauche on ne sait pas ce qu'est une doctrine politique, aucune puissance d'esprit ne sert cette ambition, et, de surcroît, on ignore qu'une doctrine politique doit en outre s'articuler avec un programme et un rassemblement, lesquels sont autre chose ;

- le 3e pilier est l'extrémisme encore vulgaire de la droite nationale (la voie de la normalisation est prise... mais on peut ne pas la voir) ; ce repoussoir amène à En Marche ! un fraction des opposants du FN, En Marche ! est un espoir, donc un aimant (3 %) ;

- le 4e, on n'apprend rien à personne, est le caractère neuf, sur le pur champ politique, du mouvement et du candidat, le public étant épuisé des mêmes figures et des mêmes postures (3%) ;

- le 5e pilier est le problème du centre, c'est-à-dire le fait que EM incarne un centre-gauche qui n'a jamais eu de leader avoué et assumé... cumulé au fait que les centristes sont aux abonnés absents ; le seul visible, quoique contesté sinon contestable, F. Bayrou, l'a rejoint... (3 %) ;

- le 6e est le fait que le leader de EM est parmi les meilleurs en technique et à l'image quand il s'exprime (2,5 %) ;

- le dernier pilier est en partie produit par les premier cités : dans ce contexte globalement favorable, les médias le soutiennent et les soutiens se médiatisent (2, 5 %).

Ainsi, on peut ainsi se retrouver à plus de 20 % d'intentions de voix sans avoir besoin d'un programme très avancé ou très convaincant. Ces divers points font dire aux amateurs que EM et EM arrivent au bon moment...


II. Le ciment des 7 piliers

Ce succès est donc fait du tunnel noir des lacunes et défaites des autres (absence d'un centre visible, droit et gauche creuses et professionnalisées). Il fallait trouver un leader hors parti pour transformer ces atouts en qualités d'un candidat et d'un mouvement.

En outre, seul un jeune pouvait oser s'engouffrer dans ce tunnel en voyant, sans préjugés, l'imperceptible lumière du bout de ce tunnel. "Sans préjugés" : l'intéressé devait oser entrer dans ce tunnel, sans écouter les précautionneux, conformes et dubitatifs.

Il fallait l'eau de l'audace. L'image s'impose aujourd'hui : la lumière du bout du tunnel grossit de jour en jour.

Le contexte étonnant vaut encore ciment : affaires Fillon, rapports compliqués Hamon-Valls-Hollande, un centre vide, des radicaux inexistants politiquement et, eux aussi, doctrinalement. Si chacune de ces tendances réabsorbaient 1 à 2% chacune, le charme de EM et de EM diminuerait.

Là, E. MACRON a de la chance (laquelle viendrait en parties des cabinets noirs du pouvoir disent certains).

Tout ceci a également été conforté par le fait que EM a été mis en piste, en quelque sorte offert aux médias et par les médias. Si l'homme a été parrainé, et ses parrains alimentent la critique, la presse s'en accommode qui vend ainsi du papier et de l'image. Nombre d'acteurs ont été mis en piste sans obtenir le moindre succès... petites phrases mesquines, insignifiantes, postures et éléments de langage les ont ramenés au peu de carrure qu'ils avaient, ils n'ont pas percé. Emmanuel Macron a su le faire.

La conclusion doit être double, et on passe sur le fait capital, mais ce n'est pas notre sujet, que le prochain président, quel qu'il soit, aura des difficultés à disposer d'une majorité à l'Assemblée.

En premier lieu, les piliers sont nombreux et faits de larges et solides assises. Emmanuel MACRON a déjà gagné la présidentielle, même s'il la perd. Il a renouvelé l'offre politique au centre. Il sera à la tête d'un parti neuf avec de nombreux adhérents et assez de parlementaires pour former un groupe parlementaire à l'Assemblée nationale et probablement un au Sénat. En Marche ! sera aussi solide que les autres partis.

En second lieu, le ciment est frais et chaque pilier peut être affaibli.

Pour que le 23 avril, Fillon soit à 21 et Macron à 20, il faut que chaque pilier s'effrite un peu. Il faut que l'adversaire principal agisse sur chacun de ces piliers, car tous portent MACRON-En Marche ! C'est désormais à la fois difficile et à faire dans un espace de temps qui manque. Or, à droite les bras et les esprits peuvent manquer pour assister François FILLON qui n'est pas en état d'être élu seul ...

On peut même penser que certains adversaires de EM ne sont pas pressés d'ébranler ces 7 piliers.

Par exemple, battue par E. MACRON, au second tour, Marine LE PEN aurait son fonds de commerce renouvelé avec une sorte d'incarnation vivante du système, de l'UMPS, qu'elle peut en outre juger tendre à souhait pour arriver au pouvoir plus tard. A gauche, Jean-Luc MELENCHON peut s'accommoder aussi de MACRON pour garder sa cible de gouvernement tout en envoyant par le fond, immédiatement et définitivement, le navire PS en seulement trois mois d'élections.

Au-delà, si l'attaque de chaque pilier est entreprise, alors, comme l'a dit Emmanuel MACRON à la Réunion, rien n'est joué (on note sa bonne communication pétrie d'humilité et d'esprit de challenge). Les sondages actuels peuvent donc être démentis si les piliers de ce succès sont méthodiquement ébranlés. Ils le peuvent aussi dans un cas de drame national, on le sait possible à tout instant quoique n'ayant rien à voir avec l'exercice démocratique normal.

Personne ne peut donc savoir, encore, pourquoi les adhérents de En Marche ! seront demain en pleurs : parce qu'ils auront gagné ou parce qu'ils auront perdu ?





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