Président de jury, retours anodins mais pas inutiles d'un jury de CAPA de l'EFACS



Président de jury, retours anodins mais pas inutiles d'un jury de CAPA de l'EFACS
Les universitaires sont appelés à être membres de nombreux jurys en dehors même des Universités. Que l'on soit président de jury d'un examen de licence, d'un jury de thèse, d'un jury de baccalauréat ou du jury du CAPA (certificat d'aptitude à la profession d'avocat), l'exercice a toujours ses constantes. A travers des écrits, des réponses orales, un exposé oral... il s'agit de cerner un travail, un "investissement", un niveau, une culture de la ou des matières, une aptitude... Cela dépasse largement les connaissances, ce que les candidats ne comprennent guère, même si la plupart du temps les connaissances sont le départ des discussions.

Pour une épreuve de CAPA, la délicatesse, la prudence et la rigueur des règles professionnelles ne sont pas moins appréciées que l'aptitude à s'imposer dans un débat, mais passons cet aspect propre à ce diplôme. L'avantage de cet examen professionnel est de tendre plus nettement vers l'exigence d'une compétence, ce que souligne moins la plupart des épreuves universitaires; D'où ce retour d'expérience.

L'université et les exercices académiques masquent parfois trop le besoin de compétences. On peut se demander si ne sont pas trop évaluées les connaissances partielles, thématiques, alors que finalement la matière n'est pas comprise. Quelle surprise de voir un candidat à qui vous avez enseigné pendant trois ans la différence entre action et titre obligataire dire que les notions luis sont "difficiles d'accès". Qu'en déduire sinon que l'on peut réussir des épreuves universitaires et même professionnelles en n'ayant pas acquis la compétence souhaitable. Naturellement, cet exemple ne vaut que parce que, malgré la surprise annoncée, il s'agit d'une demi-surprise. D'autres exemples m'ont appris qu'un bon étudiant (au vu de ses notes) ne comprenait parfois pas la matière.

Les jurys peuvent donc convaincre, dans le cadre d'un échange de vues, que le cadre pédagogique d'hier, spécialement immuable en droit, ne convient plus. En deçà, on peut se convaincre de persuader les étudiants de s'attacher à acquérir une compétence, voire une culture, au lieu d'apprendre par coeur des notions et mécanismes incompris afin de les répéter, à grand coups de réalités techniques, dans un écrit ou oral à venir. Cette méthode de travail leur imposera tôt ou tard, parfois dans la violence des rapports professionnels, de tout reprendre à la base. Du moins s'ils reprennent tout à la base car, sinon, ils seront bloqués dans leur évolution professionnelle.

Ce retour d'expérience fait également se dire qu'il faut cesser de poser des questions de cours qui ne prouvent rien, sinon que le candidat sait réciter, art pratiqué depuis le cours préparatoire. Il faut naturellement proscrire les épreuves très brèves où l'étudiant ne peut rien construire, rien nuancer et rien soutenir. Il faut au contraire des épreuves où, au-delà des connaissances mais par elles, indispensables, on puisse mesurer la profondeur d'esprit des candidats. Cela impose sans doute un bouleversement des façons de faire du corps professoral, ce qui sera pas toujours facile à obtenir.

Les étudiants sont assez faciles à convaincre car il suffit, aux examens, de poser des questions plus solides et originales auxquelles ils sont bien obligés de répondre puisque c'est... le sujet. La recherche d'une compétence dans une matière, au-delà des seules connaissances, permettrait d'éviter d'avoir cette situation d'étudiants bien notés dans une matière (par exemple le droit des sociétés pendant trois ans) alors qu'ils n'ont fondamentalement pas compris de quoi il retourne selon les cinq ou six hypothèses dans lesquelles une société est utilisée... Ce qu'un futur employeur constatera en moins de dix minutes d'entretien d'embauche, sans être professeur !

Finalement, on ne juge jamais autrui sans en tirer quelques réflexions

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