hervecausse

Donné ! Il m’a été donné.



Donné ! Il m’a été donné.
Donné !

Il m’a été donné de respirer
On croirait de perdre ou de gagner
Non, loin s’en faut, je parle de sentir
Il m’a été donné la mer bleue mais claire dans la main
Son sel sec sur la peau
Le sable qui dit tout l’infini au seul sol
A seulement regarder le complexe
Que constitue des milliards de grain
La vie !
Il m’a été donné de voir le vent en colère
De ne pas voir le soleil qui l’interdit
Sinon en éclats de lumières

Il m’a été donné de voir l’horreur
Mais de loin
Il m’a été donné, de voir le masque froid de ma mère
Et, aussi, qu’elle ne vît pas cela de ses enfants
Il m’a été donné de ne pas voir le visage mort de cet ami
Dont la voix le visage gravent mille de mes neurones
Donné aussi d’oublier de ne pas oublier

Il m’a été donné, de renoncer à tant de vanités
Il m’a été donné, de mesurer la stupidité
A peine, certes, sur sa si grande échelle
Où je me situe bien en idiot parmi les autres
A cependant mirer le spectacle
De voir l’idiot champion se contorsionner
Pour se parer d’intelligences diverses
Dont il n’a aucune représentation
Et forcer sa nature, souffrant d’efforts infaisables
Pour n’apparaître que plus stupide encore.

Donné encore de voir le pitre utiliser de grands mots
De voir le peureux manigancer avec d’autres petits
De voir l’intéressé chatouiller les billets
L’avare accumuler de l’or
Le bourgeois invoquer
Le pauvre bougre s’en remettre à la révolution
Fût-il prêt à tuer pour son mirage
Toute cette merde humaine
Que la philosophie idiote appelle humanité

Il m’a été aussi donné de croiser un grand homme
De le voir ridicule et sans hauteur
Ni recul ni grandeur
E l’auteur magnifique s’écrouler au front
Vilain du discours
Quand il a peint le monde et ses arrières
Dans des fresques enfermées dans cinq tomes
Qui à jamais seront le vrai
L’immatériel, le virtuel.

Les scientifiques éclatants aussi !
Il m’a été donné de les voir empêtrés
Au premier mot du dictionnaire
Au constat de leur ignorance
Des grands livres faits de petits mots
Qui de savoirs en savoirs font la plus belle science
Que toutes autres entreposées dans les académismes

Il m’a été donné de voir les branches du cerveau
La cellule de tel organe
L’image spectaculaire de l’intérieur
Qui mime le ciel le plus profond
Le même spectacle de complexité colorée
Je remercie la Science

Il m’a été donné de ressentir la courbure du vent
De l’imaginer qui court
Entre quelques galaxies
Avec quelques fusions ou explosions
Qui sans peur me ravissent
Tout en habilitant l’art en science
Puisqu’il refait ce qui est sans savoir.

Il m’a été donné d’un peu penser
De graver ma matière d’informations données
De structurer cet effort pour un produit
Qui un peu sert l’humain là, sinon au long court
De reproduire du code, ici, sur du papier
Comme d’autres ont le dessin ou la musique ou le geste
Oui cela m’a été donné
Et d’abord dans l’esprit, selon une méthode proche
Et pourtant ignorée, mais devinée.

Le don n’a pas de prix quoiqu’il fût pris
Il m’a été donné de prendre les belles images de l’enfance
Où l’anfractuosité du muret vaut bras de galaxie
Où la marelle du puits est un immense monde
Donné l’imagination de ce que les données alentours
Ne pouvaient pas me donner
Les rêves qui tirent à l’infini bien au-delà d’un signe
Ainsi encore et pareillement donnée la subtile poésie
Simple trace fondamentale comme quelques autres
Fondé sur la vertu de donner ce qui, si difficilement, se donne.




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