11 novembre 1918 - 11 novembre 2018



"L'ACACIA
I, 1919

"Il pleuvait sur le paysage grisâtre, le cercle des collines sous lesquelles achevaient de pourrir les corps des trois cent mille soldats, sur les champs grisâtres, les maisons grisâtres – ou plutôt ce qu'il en restait, c'est-à-dire comme si tout, collines, champs, bois, villages, avait été défoncé ou plutôt écorché par quelque herse gigantesque et cahotante, aux dents tantôt écartées, tantôt rapprochées, ne laissant subsister derrière elle rien d'autre que quelques pans de murs et quelques troncs d'arbres mutilés..."


Claude Simon, LES EDITIONS DE MINUIT, 1989, p. 19.


En ce début d'année 2019, on note une série d'émissions sur Claude Simon, vous les retrouverez émissions avec le lien ci-dessous, oeuvre marquée par la guerre :

Première émission de France Culture

Le Prix Nobel de littérature marque de son style, de son travail de la langue, à partir de ses souvenirs, ou de ses souvenirs de sensations d'enfance (ou de ce qu'il en restait – aurait-il apprécié, pense-t-on, que l'on précise), la terre, la vie et la nature dévastées qu'il croise, en 1919, au bras de sa mère, qui court, ou pèlerine, marchant vers la tombe de son père emporté par la guerre, coinçant ainsi dans un premier chapitre de L'acacia, qui a bien une histoire et une fin, celle de l'histoire (retrouver la tombe), et même une seconde (une seconde fin), la prière sur une tombe, ce tout petit sens dans une guerre sans sens – d'un livre qui la dénonce et, avec, ceux qui la dirigent et la commandent au peuple, aux peuples.


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