hervecausse

La France, le pays où rien ne marche...



La pollution française condamnée par l'Europe, les crues qui inondent cent villes et Paris (mais on manquera d'eau en juillet), les vieux dans des maisons de retraite mal tenues, la circulation routière bientôt à l’arrêt, les écoles où la terreur règne sans partage par quelques élèves à qui personne ne dira jamais rien,

les prisons et leurs gardiens et les prisonniers trop nombreux, les ZAD bolivariennes qui résistent au nom de l’écosystème, même les taxis, les hôpitaux, surtout les services d’urgences (on les remercie), les universités qui débordent d’étudiants qui ressemblent de moins en moins à des gens qui étudient,

l’armée qui une fois sur deux n’a plus de matériel fonctionnel mais qui est expédiée au bout du monde, la police qui, occupée de mille façons, n’en peut plus de chasser les drogués, les islamistes et les jeunes des banlieues, les pompiers caillassés... il faut bien s'occuper, les barrières de SNCF si suspectes, des trains mal entretenus si souvent en retard sauf le TGV pour Bordeaux.

les agriculteurs qui se suicident à tour de bras, les médecins (docteurs) qu’on cherche en vain à la campagne, les juges noyés sous mille dossiers qui n’ont plus le temps d'écouter les avocats, d'écrire leurs décisions ni parfois de papier à placer dans la photocopieuse pour imprimer leurs jugements… Hallucinations ? Non, réalités.

Le pays s’affiche, se voit, s'exprime et se ressent comme le pays où rien ne marche. On en administre la preuve avec des grèves régulières, douloureuses et inutiles. La France est affolante et non pas simplement affolée par ses propres nouvelles. « Ce pays », comme disent les commentateurs en boucle (qui prennent ainsi de la distance avec ce foutoir, apparent ou réel, à vous de juger…), "ce pays", donc, la France, stupéfie le monde.

La France suggère une affiche en délire. Le rapport avec le droit ? Tout se fait dans une parfaite légalité (encore que..., de l'intérieur..., peut-être...). C'est donc que les institutions sonnent creux, elles ne contiennent plus de démocratie.

On deviendrait fou si de temps en temps un TGV ne battait pas un record de vitesse inutile, si une fusée ne décollait pas de Kourou lardée d’un merveilleux satellite ou si un mec n’avait pas un prix Nobel ou un truc de ce genre… Mais malheureusement cela rend encore fou laissant croire que l’on est l’un des grands pays du monde.

Mais le monde, lui, rit de ce désordre et de nos crises de délire nous faisant donner des leçons aux autres.

Entendez la réponse de l'élite qui recoupe sans précision la droite et la gauche.

D’un côté les réformistes, "technos" et bien habillés, bardés de chiffres mais sans idées : cela fait trente ans que par cent lois par an (cent ?!, et le pouce !) on réforme ; on réforme manifestement sans réformer : en tout cas, ça ne marche pas.

De l’autre côté, des protestataires, gueulards sinon révolutionnaires : ils susurrent que les idées suppléent le travail et abusent de la thèse selon laquelle il suffit d’augmenter les budgets et les personnels. Mais la France dépense plus que tous les autres pays (on l’entend dire si souvent…) et a plus, ou au moins autant, de fonctionnaires qu'ailleurs… sans que les services publics ne soient en bon état ; le problème est ailleurs.

La politique est aussi, dans son tréfonds philosophique, en délire, l'absence de doctrine mûrie, solide et sincère remonte à la surface : la droite ne sait plus si elle existe, la gauche ne sait pas encore qu’elle n’existe plus et le grand mouvement central ne comprend pas s’il existe ou pas.

Ce qui nous sauve, en apparence, c’est le désordre chez les autres, la guerre chez les autres, la pauvreté chez les autres. Mais au fond cela n’explique en rien notre incapacité. C'est que l'on papote avec une considération infinie pour toutes les parties, vive la société participative : la société sociétale...? On parle, et on parle savamment ; on rapporte aussi beaucoup, des rapports inutiles. On consulte. On respecte et on invente des protocoles qui ont cette valeureuse fonction de vous éloigner des décisions à prendre.

Finalement personne n’a le courage de mettre le doigt où cela fait mal et de proposer les deux ou trois actions réparatrices.

Cela s'appelle l'incapacité à la gestion.

Du reste, pour faire illusion deux ou trois ans, vous chef de service, vous ministre, changez le mot : ne dites plus gérer ou diriger, dites "gouvernance" ; vous aurez l'air de gérer sans gérer. Pendant un temps appréciable. Mais c'est un détail.

Oui, cela s'appelle de l'incapacité à la gestion.

Cela s’appelle aussi la lâcheté.





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