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La famille éduque, la République instruit. Trente ans de débâcle.



La famille éduque, la République instruit. Trente ans de débâcle.
La famille éduque, la République instruit.

Le propos se répand à l'occasion des émeutes dramatiques. La défaillance des familles est souvent la défaillance des pères. Ils partent. Quittent le navire. Laissent la mère se débrouiller avec un ou plusieurs enfants. Et les garçons donnent du mal aux mères qui parviennent avec difficulté à les gérer. Ou si elles en gèrent un, elles ne gèrent pas l'autre. Les garçons sont souvent intenables, voyez les prisons... Voilà assez pour alimenter les bandes de jeunes mecs qui, du foot, passent à la drogue puis aux voitures volées...

Le phénomène existait avec les grands ados depuis 30 ans. Marginal. Mais déjà notable. Le phénomène est devenu celui de jeunes ados : 13 ans ! Phénomène général.

Il ne suffit pas de dire un soir : "les familles doivent retenir les mineurs et les éduquer".

Il faut le dire, quand on est élu, tous les lundis matin à 8 h 000 dans les cités.

Non sans, aussi, s'interroger. Quelle est cette culture qui consiste à abandonner les familles, abandonner les enfants que l'on a fait ? Abandonner !? La culture de l'abandon. Le renoncement : tout lâcher ! La culture du "je m'en fous" ! Ou du tout est pareil ! Ou du "c'est la volonté de Dieu."

Il faut dire : famille, école !

Non sans vérifier la légèreté de l'école. Dont on doit protéger les professeurs... L'Ecole (singulièrement jusqu'à la 3e) ne doit pas être un semblant d'école où l'on admet que les élèves n'apprennent que peu avec des enseignants dont les qualifications et expériences sont parfois limitées, ce qui est de nature à ne leur conférer qu'une autorité fonctionnelle, et non pas une autorité naturelle.

Une école molle a accentué la décrépitude des familles : car une bonne instruction permet indirectement de s'éduquer.

Passez là-dessus trois coups d'éponges d'excuses, qui évitent de dire "ça ne va pas du tout", et vous avez le résultat actuel.

Ajoutez à cela le phénomène des cités, ou des "quartiers", qui privent les enfants de modèles de familles et enfants bien "insérés" et voilà le cocktail explosif réussi ! Il va sans dire que le chômage et la modestie des ménages ou familles aggravent la situation que, parfois, confortent des aides publiques qui "aident" mais "condamnent" aussi à l'inertie...

Les policiers dépassés et la justice molle ne sont que les ultimes conséquences de ces facteurs ou faits...

...même si narguer les forces de l'ordre (et parfois les attaquer) boucle en quelque sorte la boucle : cela permet l'isolement total de la cité de la République (les autres quartiers de la ville ; le féodalisme des territoires revient avec quelques chefs des trafics divers). La religion peut alors passer par là : le voile dira une identité pure dans la dégradation sociale républicaine totale des quartiers, tout en parlant le moins possible et mal la langue française !

Un nouvel ordre prend ainsi la suite de l'ordre républicain.

Tout cela est assez connu.

On peut agir sur tous les niveaux. Mais à la base de la pyramide les problèmes sont : la famille et l'école*.

Si on pouvait éviter de coller des patchs partout sans voir l'essentiel, ce serait déjà un grand pas : le patch de la police de proximité, le patch du sport, le patch des activités culturelles... Tout ceci ne peut marcher que si la famille et l'école construisent les cases mentales pour les accueillir ! Une tête d'enfant et d'ado ça se construit et ça se structure - et pas avec des vidéos sur la terre plate...

Si l'on doit éviter la sauvagerie il faut faire des têtes de citoyens, l'esprit de sauvagerie n'a besoin ni de services publics, ni de lien social, ni de culture... mais juste de la barbarie.

Il faudra un grand courage pour lancer un discours sur la famille et des milliers de courageux pour appliquer cette politique. Les agences de notation pourraient bientôt nous signifier (avec un dégradation des notes de la France) qu'elles jugent qu'il n'y a en France ni courage ni courageux**.




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* Ici je pourrais être pessimiste mais ce n'est plus manifeste comme les autres faits : on peut se demander si la majorité des familles n'ont pas elles-même basculé dans un ordre parallèle à l'ordre de la République. Quand des étudiants de première année de droit écrivent, en examen final, que le juge juge au vu de la religion...

** La finance est un reflet de la société...

*** Voyez l'une des dernières modifications législatives du Code de l'éducation nationale :

Article 58
L'article L. 111-1 du code de l'éducation est complété par un alinéa ainsi rédigé :
« L'autorité de l'Etat compétente en matière d'éducation veille, en lien avec les établissements scolaires publics et privés sous contrat et en concertation avec les collectivités territoriales, à l'amélioration de la mixité sociale au sein de ces établissements. »

On s'interroge : recteurs, établissements scolaires et collectivités territoriales ont besoin d'un article de loi pour travailler ensemble sur la mixité sociale ?


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