"Remettre l'humain au centre", une pensée vide du moment.



"Remettre l'humain au centre", une pensée vide du moment.
"Remettre l'humain au centre", on le dit. "Remettre de l'humain", on l'écrit ! "Remettre au centre l'humain", peut-être qu'on le professe même .

Si vous voulez apparaître comme quelqu'un de bien, dites-le et redites-le ! "Remettons l'humain au centre !" On vous trouvera extra. L'idée est un prêt-à-penser du moment, soit l'occasion de ne rien penser.

La phrase vaut un : "je vous aime tous et je fais tout pour vous". Le management privé ou public ou bien la politique du moment s'emparent de "l'idée" qui relève du bas étage et qui est nimbée d'hypocrisie et d'imprécisions !

Ces formules sont adorées par les cadres, la puissance dominante de la société qui, notamment, sévit sur les réseaux sociaux. Toutes les idées creuses semblant convenables sont mises en posts de réseaux sociaux.

Et voilà les acteurs qui pensent ! Puisqu'ils écrivent ! Ou qui écrivent parce qu'ils pensent qu'ils pensent. Le problème des idées, c'est qu'elles sont rares, et que la plupart des pensées de nombreux acteurs, aussi respectables fussent-ils, n'ont rien à voir avec une quelconque pensée. Sont simplement colportés des truismes, inepties et propos sans réelle substance.

Depuis toujours l'homme a mal traité l'homme et il n'est pas besoin d'une telle formule pour le constater, le regretter et lutter contre ce fait. A l'inverse, le propos pourrait maintenir le travers. En effet, tout ce que l'homme pense, dit, fait, touche, voit est inévitablement humain en sorte que l'humain est le centre de tout ! Et notamment la source de tous les égoïsmes.

Depuis Descartes et l'empire du sujet, le moi, le "je", la personne, donc l'humain... est tellement au centre de tout que la planète a pu être ravagée. Tout tourne autour de l'individu, ses droits, ses vacances, ses plaisirs, ses opinions, ses convictions, sa propriété... la personne humaine s'est même approprié ses proches : "ma famille", « notre famille ! ».

L'être humain est devenu un être aimant. Tout doit lui coller et tenir à lui. Enfin, selon les continents les sentiments varient.

Le sujet pensant de Descartes a ainsi pu finir en un sujet exclusif et, transition redoutable, l'imbécilité individuelle subvertir l'intelligence collective qui a, elle seule, quelque force.

La société cède devant des clans et les égoïsmes. Ainsi, certains, si on les laissait faire, enseigneraient volontiers dans des écoles privées que la terre est plate pour satisfaire la communauté ! Tandis que d'autres effacent la collectivité la plus large, au nom du "moi je veux", "moi j'aime", "moi je crois"... fantasmes individualistes portés par le détournement des droits de l'Homme devenus l'instrument des égoïsmes et pulsions les plus intimes.

Exagéré ? Sans doute pas : les dictatures se portent bien malgré les droits humains !

Ils sont - caricature - des tracasseries infinies dans les démocraties et de belles chimères ailleurs. Pourquoi ? Parce que justement ils sont conçus ou du moins perçus comme égoïstes. Les dictateurs peuvent renverser ces droits parce que ces droits de l'homme ne renversent pas les dictateurs. Sinon ça se saurait. Les dictateurs se parent de la collectivité, les droits de l'homme de l'individualité. Bon, ne me cherchez pas querelle ici.

Ah mais soyez-en sûrs ! L'humain est au centre de tout avec une panoplie de droits. Et ce système a vécu. La raison a des racines dures et profondes. A laisser galoper la bêtise individuelle que fabrique l'égoïsme, l'homme avare de tous les droits alentours, a tourné idiot : cette dernière bêtise a contaminé toutes les décisions, publiques ou privées.

Un discours pourrait remettre un peu l'homme à sa place, soit sur un point minuscule de la galaxie. L'homme et la femme. N'oublions pas la parité. Pour le moment, on va continuer à piétiner, avec un être humain qui, capricieux, jouit et souille.

L'humain est déjà au centre de tout et depuis (trop) longtemps !

Alors cessez de réclamer ce qui existe déjà à profusion. Contentez-vous du spectacle d'une lune claire puisque nous ne sommes qu'un instant de vie. Soit bien plus qu'une personne avec des droits.

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