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Candidater à un Master 2... observations sur les sélections d'étudiants



En fin de master 1, les étudiants doivent souvent choisir un master 2 qui est, généralement, spécialisé. Certains parcours ne sont pas spécialisés et la sélection opérée est alors parfois, pas toujours, moins rigoureuse. Mais pour la plupart des M2, et même s'ils sont la suite du M1 (évidence...), la tradition, les faits, la pratique et les programmes officiels consacrent une spécialisation.

Cette spécialisation est délicate à conduire pour les enseignants et délicate à suivre pour les étudiants. Ici réside la raison fondamentale d'une sélection des étudiants. Cette sélection vise à déterminer l'aptitude de l'étudiant à suivre les enseignements dans le cadre prédéterminé du Master 2 qui appelle des contraintes matérielles et intellectuelles.

La conduite de cet enseignement de M2 impose un suivi rapproché des étudiants pour des équipes pédagogiques données (avec tel nombre d'enseignants), l'exigence d'une pédagogie rapprochée (de 20 à 30 étudiants), le respect d'aspects professionnels de certains enseignements (aspect qui n'a pas de sens dans un amphi...), l'organisation du suivi des stages et des directions de mémoire....

Ces exigences imposent une sélection, et ce d'autant plus que les étudiants qui ne suivent pas le rythme et le parcours délicat du Master 2 finissent pas ralentir l'ensemble du groupe. La sélection se fait donc sur un ensemble d'éléments dont le principal reste le niveau acquis - ce que les notes expriment. L'expérience montre que les étudiants que l'on accepte en hésitant rencontre des problèmes en cours ou en fin d'année.

Le niveau acquis (10, 20 de moyenne n'est pas 12, 20...) est complété d'autres éléments. Naturellement la préparation à la spécialisation est généralement nécessaire (candidater à un master 2 de propriété intellectuelle sans avoir jamais suivi un tel enseignement déroute l'équipe pédagogique... qui sélectionne les étudiants).

La lettre de motivation importe.

En la forme, on s'étonne parfois de recevoir une lettre adressée à Madame quand c'est Monsieur qui dirige la formation (et vice versa), ou qui maltraite l'appellation du master, ou qui évoque des matières qui n'y sont pas enseignées...

Au fond, la lettre de motivation est rarement déterminante parce que le projet de l'étudiant est vague voir indéterminé, et que ses explication se résument à dire que cette formation exprime sa vocation : cette vocation a-telle été prouvée par des notes particulières dans certaines matières, par un stage déjà effectué, par un projet de stage, par une lecture d'ouvrage... les étudiants écrivent maladroitement qu'ils sont motivés parce qu'ils sont motivés... ce qui ne suffit pas.

Tous les éléments montrant la maturité du candidat sont importants. Au cours du Master 2 plus que dans tout autre année, il faut savoir être présent, être dynamique et être impliqué (chercher, lire, s'interroger, démarcher les professionnels...). Tout cela est facilité par la maturité du candidat, laquelle est notamment prouvée par diverses activités (sport à un bon niveau, stages volontaires, emplois assumés...).

Tout cela fait un mélange qui procure au lecteur du dossier un sentiment, ce qui est loin d'être une opération scientifique : la subjectivité joue car il s'agit justement de trouver le bon candidat qui n'a que 11/20 de moyenne à son M1 mais qui sera opérationnel sur toute l'année et qui a la capacité à relever le défi.

L'entretien, quand il est fait, participe à dégager ce sentiment mais, comme tout élément, il peut être trompeur - mais un bon entretien ne sera pas préjudiciable.

La façon dont le candidat remplit son dossier est également importante.

Parfois le document n'est pas soigné.

Parfois, de façon plus inquiétante, le document est mal rempli ou non rempli.

Est-il cohérent de dire que son avenir dépend de la formation à laquelle on candidate et de ne pas être capable de remplir - renseigner - certaines rubriques du dossier !?

Le Master 2 a déjà des aspects de vie professionnelle et aucun employeur n'acceptera qu'un diplômé à Bac + 4, virtuellement diplômé à Bac + 5, en stage ou récemment employé, ne sache pas remplir correctement, précisément et exactement quelques formulaires !!!

Voilà qui est spécialement problématique pour des juristes qui prétendent établir tous papiers et actes pour les autres... contre rémunération !

Cette phase assez objective, qui vient d'être sommairement décrite, montre pourquoi et comment on passe les étudiants au tamis.

Il faut ajouter qu'elle n'exclut pas d'être touché par certains dossiers que, pourtant, le cas échéant, on refusera.

Ce sont en effet, à travers ces pages de dossiers administratifs, des morceaux de vie qu'il est donné de lire, pages qui deviennent aujourd'hui spécialement touchantes quand on voit, notamment, le combat que certains étudiants mènent pour payer leurs études (en travaillant) et les mener à bien.

Et si l'on peut être affecté par certains dossiers que l'on doit refuser, on est encore touché de voir des parcours cinglants et des personnalités déjà formées qui prétendent à l'expertise, et qui y accèderont.

Ces contrastes font que l'on est amené à se décider dans un mélange de sentiments qui n'excluent en rien mais, au contraire, aiguise la conscience.



















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