"Cultiver le capital...", réflexions après les idées des étudiants (Cercle des économistes, Ecole de droit de Clermont-Ferrand)



"Cultiver le capital...", réflexions après les idées des étudiants (Cercle des économistes, Ecole de droit de Clermont-Ferrand)
"Cultiver le capital : un défi pour notre génération !". On reprend la réflexion après l'annonce, ci-dessus, de la manifestation. L'idée maîtresse du sujet est dans "Cultiver le capital".

L'autre partie de phrase signe l'apparence du moment : elle eût convenu il y a cent ans, à la fin de la guerre de 14-18, elle conviendra dans cent ans. C'est une partie de phrase amovible, comme un curseur, un élément d'une mécanique.

"Cultiver le capital" n'est pas en revanche une expression se ramenant à la pièce d'une mécanique, ni même une mécanique ou machine. Insistons. Les simples machines. On en a tant construit qui émerveillent : elles roulent, elles creusent, elles s'envolent, elles volent. Elles émerveillent au point de laisser ahurie chaque génération (on y revient). Aujourd'hui le smartphone.

Bergson a pu penser, quant à ce travail de l'Homme sur les outils puis sur les machines, que homo sapiens aurait pu être appelé homo faber. Regardez, sans oublier l'ingénieur, l'Homme devant la machine : un enfant. C'est un peu puéril. Du moins si l'on songe à quelques malheurs du monde.

N'est point enfantine une réflexion sur "Cultiver le capital". A mieux maîtriser ce fameux capital, on pourrait réparer quelques malheurs du monde. Il est une exigence d'intelligence, mais pas artificielle.

Le capital au sujet est un substantif de naissance tardive. Il naît dans la langue française dans les derniers siècles quand le capital (une richesse) devient un point capital (la tête, capitalis en latin) de la société monarchique.

Capital c'est donc, selon les circonstances, la tête ou la richesse. Sans doute assez souvent, le capital est capital : entendez la richesse est une réalité essentielle de la société.

Le sujet est de nature à désarçonner un diplômé sûr de son fait : celui qui a tant fait preuve d'intelligence et a appris (comme un juriste !) des cases et sous cases. Revenons à Bergson : l'intelligence n'est rien, cultivons l'intuition (1).

Dans les Facultés de droit, les lignes de la loi et du juge ont chassé l'intuition qui est pourtant l'un des chemins de la recherche. Le sujet libre et évanescent "Cultivez le capital" devient problématique. Dans ce contexte, le défi de génération évoqué plus haut n'est pas démérité.

Les quatre étudiants (2) qui se lancent dans une recherche et, le jour J, dans un exposé suivi de questions, et de votes, n'ont plus qu'une seule voie. Inventer ou réinventer le capital, c'est finalement le sujet : cultiver, c'est, dans un langage terre à terre, faire pousser, inventer par son faire, et faire revenir, repousser, c'est encore cultiver.

Il faut alors cultiver son intuition (encore elle), observer la société et se creuser les méninges - les jeunes méninges ont davantage de neurones que les autres, le cercle les économistes le sait. Mais reparler de l'intuition fait réaliser qu'une étape a été sautée,

Comment les étudiants ont-ils déniché ce sujet ? La plupart des sujets sont soit d'une savante banalité, soit ils voguent sur le vague qui les croquera quand la mode sera terminée. Terminé. Même Linkedin ne les sauvera pas, c'est dire !

Le thème du capital n'est peut-être pas actuellement à son plus haut, mais il est demeure vif.

On pourrait donc l'exploiter en bon technicien discipliné, prêt à l'emploi et cravaté. Les étudiants ont su éviter le piège qui aurait consisté à parler du capital que l'on connaît. on se réjouit de voir les esprits jeunes oser leurs propres idées, cultiver leur intuition.

la leçon de cette manifestation est double.

Le capital peut être à l'origine de catégories intermédiaires : la capital chose, le capital temps, le capital éthique. On pourrait continuer... je remercie les étudiants de me l''avoir fait percevoir, hors des doctrines politiques qui gâchent les idées.

Le capital peut être rénové en une notion plus large : il pourrait se distinguer de l'amas de richesses et de biens (notion qui mérite mieux que ce qu'en propose le Code civil) ; en effet, si le capital existait dans une catégorie élargie, il redéfinirait nécessairement la notion de biens.

Le bien peut alors être du temps (Bergson m'en veut), de l'éthique ou naturellement encore une chose (mais extirpée de la seule et grossière propriété).

Voilà de quoi désarmer jusqu'au rang des amis de la culture juridique qui œuvrent urbi et orbi (urbi c'est Paris), alors qu'ils ont archivé la philosophie du droit aux étagères du positivisme certes précieux.

La leçon est aussi politique, mais on s'en doutait : le capital est capital !

Le capital (substantif) est capital (adjectif). Surtout si le capital est élargi à divers faits et gestes de l'Homme.

Le propos prend alors une nouvelle dimension si le capital recueille diverses réalités, vérités, activités et qualités. La tendance capitalistique actuelle pourrait-elle être infléchie ? Nul ne le sait.

Puisque le capital domine tout, eh bien il faut l'améliorer, dilater la notion avec de bons éléments... capitaux ! Faire adhérer les Etats, les entreprises et les populations à un nouveau capital. Faut-il encore se départir du mimétisme américano-anglais qui a envahi les esprits en Europe.

Mais le professeur Chevalier, du Cercle des économistes, qui nous a fait l'honneur et l'amitié de sa présence, a prévenu clairement les étudiants. Aller plus loin supposerait de dépasser l'idée pour préciser le "comment fait-on ?". Le juriste n'est pas mal placé, entre le chef d'entreprise et l'idée économique, pour essayer de répondre.

Peut-être n'est-on pas au bout du chemin pour certains...




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1) "Seulement, à côté d'elle, nous constatons l'existence d'une autre faculté, capable d'une autre espèce de connaissance. Nous avons ainsi, d'une part, la science et l'art mécanique, qui relèvent de l'intelligence pure : de l'autre, la métaphysique, qui fait appel à l'intuition." Intelligence et société, in Henri Bergson, La pensée et le mouvant, 1903-1923, PUF, 1969, 79e éd., pp. 19 et 27.

Les candidats et les agitateurs d'idées
Les candidats et les agitateurs d'idées
2) Thèmes de la soirée du Cercle des économistes et de l'Ecole de droit de Clermont-Ferrand :

- M. Romain Langlais - Master 1 Droit des affaires – Le Capital économique

« L’avènement du tout locatif, Contribution à une rationalisation des contrats de leasing mobilier »

- Mlle Derya Kuzgun - Master 1 Droit des affaires - Le Capital Environnemental

« Préserver le capital environnemental, Création d’un crédit-libre « ÉTUD’VERT » à l’Université »

- M. Kiswendsida Ouedraogo - Master 1 Droit des affaires - Le Capital Humain

« Préserver le capital humain, Mesure pour une meilleure valorisation des compétences »

- M. Fabien Devilliers - Master 2 Carrières Internationales - Le Capital de Bienveillance

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