Le droit fondamental d'être réactionnaire. Et même révolutionnaire.



La gauche pleurniche, du moins une partie. Elle s'indigne, souvent ! Elle réclame de l'argent et des budgets pour à peu près tout et ce qui est versé est toujours insuffisant. Sur ce point, la gauche a gagné, elle permet aux Français de croire qu'à peu près tout est possible et dû. Les Français pensent, majoritairement, que tout besoin social se transforme avec quelques voix médiatiques en droit, en lois, en droits personnels : en droit subjectif. Même le vote réactionnaire se fonde en partie sur la croyance au père Noël (pour user d'une image).

On change de pied. Vaguement libertaire, la gauche est assez largement, officiellement, pour la liberté d'expression, mais surtout pour diffuser son savoir, ses savoirs (ses convictions), qui sont tels, il est vrai, qu'on ne saurait les contester*.

La gauche estime être à la tête des sciences sociales ; ce qu'elle dit étant scientifiquement fondé, elle ne saurait être contestée. Le même phénomène se produit avec les hommes qui peuvent désormais se voir opposer leur sexe en premier argument de réplique d'un bon nombre de sujets si, directement ou pas, une femme est en cause**.

Ainsi, la liberté d'expression est pratiquement déniée et insidieusement contestée.

Et sans doute la droite fait de même sur quelques audacieux.ses de la gauche. Cette question de liberté porte la droite (décomplexée, car elle parle) et défie la gauche (irritée et renfrognée, car elle parle en vain ; enfin pas exactement on le disait au-dessus).

En tout cas, la gauche est submergée (l'extrême centrisme aussi, mais il est au pouvoir donc... les chiens aboient...) par les réactionnaires qui usent d'une liberté d'expression qui irrite. On découvre en pratique un évidence juridique. Le droit fondamental d'être réactionnaire.

Voilà qui serait peut-être un beau sujet de thèse, à condition de ne pas se contenter du passage en revue des trente dernières années, mais à charge de confronter les réactions institutionnelles (juridiques) qui se construisirent à chaque fois qu'il y a eu, ici ou ailleurs, une poussée réactionnaire.

Les principes démocratiques autorisent en vérité le droit d'être extrémiste. Voilà le "vrai" droit en cause. Le droit d'être extrémiste. Lequel droit n'emporte pas celui de violer le droit, et notamment le droit pénal...

Les bornes juridiques de ce droit existent mais elles sont posées loin dans l'ordre juridico-politique nationale et européen. On voit mal ces bornes dans le public. Sont en cause 4 ou 5 règles fondamentales (et il nous faudrait quelques semaines de réflexions et vérifications pour vous en présenter un version tenant un peu la route).

Ce droit substantiel, le droit d'être extrémiste, implique le droit d'expression lequel, peut-être, se prête davantage à poser des bornes plus visibles. Il faut dire que l'expression implique des tiers intéressés, tous les médias qui ne tiennent pas à engager leur responsabilité. Ils s'interrogent alors concrètement sur ce droit libre de penser et l'expression qu'il déclenche.

Le droit fondamental d'être réactionnaire n'est que le même droit substantiel, exercé ici en France et largement, institutionnellement et depuis des décennies, par les partis dits d'extrême gauche. Ce droit est alors : Le droit fondamental d'être révolutionnaire.

Ce dernier a en général indifféré et pose peu de problèmes et encore moins de question. Quel est le problème avec la réaction et tout de suite ? Pour passer un point éculé, on dira que le problème est celui des odeurs nauséabondes. On recourt à un cliché pour passer à un point plus concret.

Le problème est que le vote de droite dure (dont un vote réactionnaire au sens très courant du terme...) est très haut. Le même phénomène existe avec LFI dont une part peut-être vue comme quasiment révolutionnaire, sauf que LFI est en dessous du quart de l'électorat et que tous ces membres sont capables de devenir ministre à tout instant (à la différence des véritables révolutionnaires qui ne l'accepteraient qu'avec le préalable d'un changement de système politique).

La gauche, réduite à moins 25 % d'influence (électeurs ou intentions de vote), est faite de bric et de broc et morceaux qui, chacun, pèse plutôt 5 %. On comprend que le danger est loin.

La gauche est ainsi désemparée (comme quelques centristes sans doute).

D'abord elle a été au pouvoir et cette situation lui est en partie imputable (et cela vaut pour la droite classique).

Ensuite, son mode de lutte contre la pensée réactionnaire, qui se veut plus dynamique, juste et pertinent que celui des autres, du moins depuis les heures de gloire mitterrandistes, est vain ; et probablement en vérité mauvais. La gauche (une partie) l'a donc amer car elle est pleine de vanités intellectuelles et de condescendance qui lui éclatent à la figure ; malgré son excellence elle est défaite et largement. elle ne peut donc qu'être tentée par réduire au silence ceux qui veulent envoyer les voyous en prison et qui réfère la Nation à l'Europe (point barre).

En outre, elle n'a ni leader ni construction intellectuelle politique à proposer sinon que l'accentuation de ce qui n'a pas marché. Le PS aurait dû se méfier quand le projet de 6e République de Montebourg avait fait un flop (avant que Mélenchon ne reprenne l'idée). Etre flamboyant et dans le bon camp (Montebourg a un peu dérivé depuis) ne suffit pas à imposer une idée politique substantielle.

Enfin, en perdant ses positions institutionnelles, et de très nombreux élus, la gauche ne semble plus en capacité de gouverner (et cela peut emporter cycle politique de 25 ans ...) ; la gauche perd des voix politiques. Alors, des voix intellectuelles peuvent se dire que c'est leur heure de gloire ; les intellectuels peuvent être tentés d'en rajouter,

Tout cela montre que les élites intellectuelles, autant que les responsables politiques de toujours..., sont peu en prise avec le peuple et la vie des gens. Il ne suffit pas de dire "ah les gens ne mangent pas à leur faim"... pour comprendre les ressorts politiques qui les animent. Les philosophes, sociologues et politologues du 6e arrondissement sont en peine de méthodes et d'expériences qui redonnerait à la gauche quelque force. L'idée même d'un camp progressiste, toujours invoqué sans une nuance, prudence ou réserve, n'a plus de sens ou de prise (alors que c'était un tube de la gauche).

Ainsi, plus ses représentants parlent la langue d'hier plus la gauche s’enferre dans son échec. Même l'écologie ne l'a pas sauvée. Elle a été l'objet d'une surenchère du camp progressiste qui continue d'inquiéter, alors qu'une grande majorité de gens sont d'accord pour faire des efforts. C'est presque un comble.

Les leçons de morale de la gauche et sa condescendance ont contribué à sa défaite et à son délitement. Les gens qui savent tout, qui vous rient au nez en acceptant les propositions les plus ubuesques et qui, au pouvoir, n'arrivent à rien, le pays n'en veut plus.

Néanmoins, les choses peuvent se retourner vite. Quelques femmes et hommes avec une ambition compréhensible peuvent toujours faire, subitement, l'histoire.

Pour l'heure, le camp réactionnaire semble le plus capable de fournir cet équipage de personnes et de propos compréhensibles et acceptables (naturellement inacceptables pour la gauche et certains centristes). A défaut de pouvoir contrer sur le terrain politique les réactionnaires, il se pourrait que l'on tente d'attenter à leur liberté d'expression, ce qui les aiderait finalement à accéder au pouvoir.

En effet, en portant atteinte à l'expression des courants réactionnaires (mais certains tombent dans l'illégalité et méritent les tribunaux), la société politique refuserait et nierait la liberté de pensée - de penser -, la liberté d'opinion. Or cela n'est pas admissible en démocratie, pas plus qu'il n'est possible de nier, à l'autre extrémité, le droit fondamental d'être révolutionnaire. Ce qui est interdit c'est de desceller les pavés, quelle que soit leur couleur, pour les jeter sur les forces de l'ordre, les pare-brises ou les vitrines...





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* On se souvient de Najat Vallaud-Belkacem (je ne sais plus à propos de quel problème ou débat) avait parlé des pseudo-intellectuels. Quand un ministre procède par disqualification initiale, sur un prétendu statut, on comprend que ce qui est visé, la personne ou le statut, non les idées. Cette formule n'est pas interdite, peu le sont, mais en exercice, en charge des affaires publiques, avec en général un long temps de parole et de nombreux micros, avancer cet argument assure qu'on ne retienne que lui or il ne pèse pas lourd et affiche un condescendance effroyable (même un prix Nobel à l’œuvre abondante ne pourrait pas utiliser l'argument, c'est dire que le politicien ordinaire ne le peut).

** Au passage, cela va favoriser un vague de conservatisme et on va voir apparaître des positions plus conservatrices encore (réactionnaires), et elles prospéreront, parce qu'elles concrétiseront la liberté d'expression. C'est un peu l'histoire de Jean-Marie Le Pen sur 30 ans, plus on a voulu le faire taire plus il a incarné, en filigrane, la liberté d'expression (quitte à la juger grossière, outrancière ou autre, et parfois illégale).

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