
Les structures de la finance n'ont pas changé, et la BCE ne semble pas capable d'engager le processus de réformes utiles ; je l'ai pourtant pensé lors de l'arrivée d'un nouveau président. C'est que la question de la "politique monétaire" est l'urgence européenne du moment si nous voulons éviter une faillite généralisée. Le moindre incident semble désormais capable d'emporter le système financier européen et, avec, les autres systèmes régionaux (américain, asiatique).
Les populations n'ont pas l'air de le comprendre, ni de saisir qu'une telle crise nous laisserait dans une situation catastrophique, sans doute plus mauvaise que celles de la Grèce et des Grecs. Les médias font l'impasse sur la question... La BCE semble sans moyens ni idées, ce que quelques sujets médiatisés cachent (La BCE prête à agir mais pas tout de suite, Le Monde, 4 août 2012, pp. 1 et 10, par C. Lacombe et A. Tonnelier). Ne parlons pas de la Commission européenne ou de son Parlement, ni même de chaque gouvernement. Aucune idée n'affleure.
Le président de la BCE était attendu a-t-on dit par "les marchés" (Le Monde, art. précité). Mais les marchés ne conçoivent que leur rentabilité à assez court terme et n'imaginent pas de nouveaux canaux de financements. Ce qu'ils attendaient ces dernières semaines c'est que la BCE "sauve" le compartiment du marché des capitaux de la dette souveraine ; prendre le relais de la drogue du déficit permanent et non-justifié. Les investisseurs souhaitent que la BCE finance les Etats en achetant les titres obligataires qu'ils émettent et qu'ils ne rembourseraient pas : une création monétaire nette du passé, du passif, or c'est l'avenir qu'il faut financer, l'actif des entreprises.
Je dois être un des seuls à dire que c'est illégal, sauf pour des opérations marginales ; c'est en effet clairement et manifestement contraire au traités sur l'Union européenne. Quelques allemands finiront par attaquer ces achats devant la Cour de Justice de l'Union européenne et auront aisément gain de cause : la BCE ne doit pas financer les Etats. Mais le problème n'est pas là, même si ce problème se pose, posant avec lui, ce qui est bien plus grave, la question de l'incurie des élus-gouvernants qui ont surendetté la plupart des pays de la zone euro et adopté un système européen qui marche mal (cette mauvaise gouvernance pose directement la question de la valeur de la démocratie représentative : elle représente peu et ne contrôle rien).
Mario DRAGHI avait laissé entendre que la BCE était prête à financer les Etats et, manifestement, il l'avait laissé entendre trop fortement. Il a donc dû atténuer son propos. Cela a fait plonger divers marchés actions de près de 5%. Mais le président de la BCE a eu raison de corriger le tir car la perspective de financer les Etats assureraient une faillite certaine à moyen terme, quand le spectre de faillite généralisée, très vraisemblable, n'est pas une certitude - cette faillite emporterait dans la faillite une cinquantaine de banques européennes et dans la faillite les déposants que personne ne pourraient rembourser sauf à faire soi-même faillite) ; il n'est pas sûr que l'euro disparaîtrait alors, mais sa dévaluation de 50 % sur les marchés internationaux le transformerait en une monnaie régionale).
La BCE doit donc déployer une véritable politique monétaire sans se cantonner, comme ces derniers mois, à financer à moyen terme l'ensemble du système bancaire et de baisser de 0, 25 % son taux d'intérêt (sur la "monnaie négative", voyez ci-dessous). Rien ne me semble de nature à changer les financements de l'économie. Ceux qui existaient n'étaient pas mauvais en soi, à preuve, ils ont duré 60 ans. Mais il ne fallait pas les détériorer ; maintenant que c'est fait, que plus personne n'a confiance dans ce modèle de finance, il faut partiellement le changer : changer les structures de la finance.
La politique monétaire, bien que financière et économique, exige des moyens juridiques nouveaux et une organisation juridique nouvelle dont personne ne parle, les économistes enfermant notamment leurs raisonnements dans le canevas actuel. Il est temps de faire du droit créatif utilisant toutes les ressources juridiques de la BCE. Il y a urgence car si la BCE fait encore confiance aux banques - comment faire autrement ?, les banques n'ont aucune confiance en elles-mêmes, donc dans le système. Répétons-le, le moindre incident peut aboutir à une faillite généralisée.
Pour sortir de la vieille Europe de l'impasse, surmonter les vieilles conventions, sans copier bêtement la politique de la FED, il faut que la BCE agisse sur le plan juridique pour donner de nouveaux canaux de financements, ce que les docteurs en économie du Conseil des gouverneurs ne voient pas... Seul le financement de l'économie relancera l'économie européenne et réduira par voie de conséquences les déficits publics, étatiques et sociaux. Après trois ans de sauvetage semestriel des banques, il est clair que les banques ne pourront que partiellement assurer le financement des acteurs économiques européens.
Messieurs les gouverneurs de banques centrales, innovez ou démettez-vous !
Les populations n'ont pas l'air de le comprendre, ni de saisir qu'une telle crise nous laisserait dans une situation catastrophique, sans doute plus mauvaise que celles de la Grèce et des Grecs. Les médias font l'impasse sur la question... La BCE semble sans moyens ni idées, ce que quelques sujets médiatisés cachent (La BCE prête à agir mais pas tout de suite, Le Monde, 4 août 2012, pp. 1 et 10, par C. Lacombe et A. Tonnelier). Ne parlons pas de la Commission européenne ou de son Parlement, ni même de chaque gouvernement. Aucune idée n'affleure.
Le président de la BCE était attendu a-t-on dit par "les marchés" (Le Monde, art. précité). Mais les marchés ne conçoivent que leur rentabilité à assez court terme et n'imaginent pas de nouveaux canaux de financements. Ce qu'ils attendaient ces dernières semaines c'est que la BCE "sauve" le compartiment du marché des capitaux de la dette souveraine ; prendre le relais de la drogue du déficit permanent et non-justifié. Les investisseurs souhaitent que la BCE finance les Etats en achetant les titres obligataires qu'ils émettent et qu'ils ne rembourseraient pas : une création monétaire nette du passé, du passif, or c'est l'avenir qu'il faut financer, l'actif des entreprises.
Je dois être un des seuls à dire que c'est illégal, sauf pour des opérations marginales ; c'est en effet clairement et manifestement contraire au traités sur l'Union européenne. Quelques allemands finiront par attaquer ces achats devant la Cour de Justice de l'Union européenne et auront aisément gain de cause : la BCE ne doit pas financer les Etats. Mais le problème n'est pas là, même si ce problème se pose, posant avec lui, ce qui est bien plus grave, la question de l'incurie des élus-gouvernants qui ont surendetté la plupart des pays de la zone euro et adopté un système européen qui marche mal (cette mauvaise gouvernance pose directement la question de la valeur de la démocratie représentative : elle représente peu et ne contrôle rien).
Mario DRAGHI avait laissé entendre que la BCE était prête à financer les Etats et, manifestement, il l'avait laissé entendre trop fortement. Il a donc dû atténuer son propos. Cela a fait plonger divers marchés actions de près de 5%. Mais le président de la BCE a eu raison de corriger le tir car la perspective de financer les Etats assureraient une faillite certaine à moyen terme, quand le spectre de faillite généralisée, très vraisemblable, n'est pas une certitude - cette faillite emporterait dans la faillite une cinquantaine de banques européennes et dans la faillite les déposants que personne ne pourraient rembourser sauf à faire soi-même faillite) ; il n'est pas sûr que l'euro disparaîtrait alors, mais sa dévaluation de 50 % sur les marchés internationaux le transformerait en une monnaie régionale).
La BCE doit donc déployer une véritable politique monétaire sans se cantonner, comme ces derniers mois, à financer à moyen terme l'ensemble du système bancaire et de baisser de 0, 25 % son taux d'intérêt (sur la "monnaie négative", voyez ci-dessous). Rien ne me semble de nature à changer les financements de l'économie. Ceux qui existaient n'étaient pas mauvais en soi, à preuve, ils ont duré 60 ans. Mais il ne fallait pas les détériorer ; maintenant que c'est fait, que plus personne n'a confiance dans ce modèle de finance, il faut partiellement le changer : changer les structures de la finance.
La politique monétaire, bien que financière et économique, exige des moyens juridiques nouveaux et une organisation juridique nouvelle dont personne ne parle, les économistes enfermant notamment leurs raisonnements dans le canevas actuel. Il est temps de faire du droit créatif utilisant toutes les ressources juridiques de la BCE. Il y a urgence car si la BCE fait encore confiance aux banques - comment faire autrement ?, les banques n'ont aucune confiance en elles-mêmes, donc dans le système. Répétons-le, le moindre incident peut aboutir à une faillite généralisée.
Pour sortir de la vieille Europe de l'impasse, surmonter les vieilles conventions, sans copier bêtement la politique de la FED, il faut que la BCE agisse sur le plan juridique pour donner de nouveaux canaux de financements, ce que les docteurs en économie du Conseil des gouverneurs ne voient pas... Seul le financement de l'économie relancera l'économie européenne et réduira par voie de conséquences les déficits publics, étatiques et sociaux. Après trois ans de sauvetage semestriel des banques, il est clair que les banques ne pourront que partiellement assurer le financement des acteurs économiques européens.
Messieurs les gouverneurs de banques centrales, innovez ou démettez-vous !